mardi 22 décembre 2015

L'étrange vie de Nobody Owens / Neil Gaiman

Le pitch

"Un bébé échappe par miracle à un mystérieux assassin qui vient de tuer sa famille. Le nouveau-né trouve refuge dans le cimetière voisin. Il est adopté par un couple de fantômes M. et Mme Owens. Devenu ami de Lise, une ex-sorcière excentrique autrefois brûlée vive, et protégé par un vampire mystérieux et fascinant – Silas –, le jeune Nobody Owens grandit heureux, entouré d’amour par une bien drôle de famille. Mais vivre parmi les morts peut se révéler aussi dangereux que d’affronter le monde des vivants. Car le meurtrier des parents de Nobody le traque toujours, plus que jamais décidé à accomplir sa mission : tuer Nobody…" (résumé éditeur)




Avis

Bien sûr, les amateurs de Neil Gaiman (et les autres) m'objecterons qu'il est franchement inutile de faire une chronique de plus sur un livre dont on connait déjà, ne serait-ce que par ouï-dire, l'incontestable qualité.

Cependant, chroniquer les livres "must-have", ceux qui marquent pour toujours et restent sans pâlir en bonne place de sa bibliothèque, catégorie "celui-là-il-est-tellement-bien-quand-même-je-me-le-relirai-bien-une-petite-douzième-fois-mais-quand-même-le-début-fait-vachement-peur", est vraiment agréable. Dont acte.

N'y allons pas par quatre chemins : L'étrange vie de Nobody Owens est un livre incroyable, inclassable, un récit unique qui frappe l'imagination et, tout à la fois, éveille les sens et glace les sangs.

L'étrange vie de Nobody Owens est (aussi) un récit qui fait peur. L'incipit est proprement horrifique, et quiconque en a parcouru les lignes aura fatalement souffert de cauchemars dans lequel il se voyait poursuivi par l'effroyable, glacial et sadique tueur imaginé par Gaiman ; j'ai nommé : Le Jack.

"Il y avait une main dans les ténèbres, et cette main tenait un couteau".

Après cette entrée en matière champêtre et réjouissante, le lecteur suit les aventures de Nobody, bambin rescapé d'un contrat de mort lancé sur sa tête, qui trouve une nouvelle vie aux côtés des habitants d'un cimetière. Tout bonnement. 

Adopté par les fantômes de M. et Mme Owens (qui baptisent donc le marmot), Nobody (pour personne, ou no-body, sans corps, tel le spectre) est souvent comparé à Mowgly ; le récit de Gaiman serait donc une sorte de Livre de la jungle à la sauce pierre tombale. Quoi qu'il en soit, cette trame narrative particulièrement incongrue est, comme de coutume, parfaitement maîtrisée par Gaiman. L'histoire est terrible, incroyable et poignante, et les personnages, fantômes y compris, sont absolument hauts en couleurs (oserais-je dire que c'est un comble pour des poltergeist ?).

Bref, point besoin de longues palabres : vous DEVEZ lire L'étrange vie de Nobody Owens. Pour vos jeunes lecteurs, à partir de 13 ans environ (mais en lecture à voix haute, cela fonctionne parfaitement avec des lecteurs plus âgés).

J'oubliais presque : les magnifiques illustrations noir-blanc-gris de Dave McKean servent parfaitement l'histoire - illustrer les folies, les terreurs et les enchantements de Gaiman est pourtant un défi particulièrement redoutable. 




Certainement, donc, le meilleur récit de Gaiman (j'entend déjà les fans de Coraline s'étrangler et les inconditionnels de Sandman crier au meurtre).

À noter : une adaptation en comics est sortie récemment. C'est Neil Gaiman qui scénarise, mais le dessin n'est pas de McKean. Je n'ai pas eu le courage de tester cette adaptation (le texte original étant si parfait). De fait, je ne peux rien vous dire sur le sujet. Voici quand même la couverture, que dans mon infime bonté je consens à vous livrer ci-après.




Infos

Titre : L'étrange vie de Nobody Owens (The graveyard book)
Auteur : Neil Gaiman
Illustrateur : Dave McKean
Traductrice : Valérie Le Plouhinec
Éditeur : Albin Michel (Collection Wiz)
Publication française : 2009
Pages : 310
ISBN : 978-2-226-18954-7
Distinction : Newbery Medal 2009

mardi 23 juin 2015

American Gothic / Xavier Mauméjean



En 1953, les studios Warner veulent contrer le succès du Magicien d’Oz de leur rival, la MGM, en proposant leur propre adaptation d’un récit merveilleux. Quel meilleur choix que Mother Goose, compilés et réécrits par l’illustre Daryl Leyland ? Jack Sawyer est embauché pour enquêter sur Leyland et retracer sa biographie, car, comme l’exige la maxime du conteur lui-même : « pour comprendre vraiment quelqu’un, il faut se demander quel était son monstre, le croque-mitaine qui le tourmentait dans ses tendres années ». Témoignages d’anciens amis de l’auteur, rapports de Sawyer à la Warner, notes de toutes sortes s’assemblent en un génial patchwork qui compose, pièce après pièce, la mystérieuse destinée de Leyland. Entre manipulation et faux-semblants, Xavier Mauméjean se fait lui-même compilateur d’un bien sombre récit. Une réussite.

Thomas le rimeur / Ellen Kushner




Thomas, ménestrel surnommé Le Rimeur, voyage de ville en ville, de château en château, en quête de nobles à divertir et de jeunes filles à séduire. Nulle créature ne semble pouvoir résister à ses strophes envoûtantes, pas même la Reine des Elfes, qui consent à l’embrasser… Divin baiser qui lie Thomas à l’enchanteresse, corps et âme, pour sept années. Le voilà donc, le fier Rimeur, pris dans les rets d’une puissante maîtresse, « le voilà obligé de supporter toutes sortes de mystères et d’épreuves, jusqu’à ce qu’il ait obéi » aux changeantes lubies et cruels désirs de sa tourmenteuse. Ellen Kushner déploie, d’une somptueuse voix de conteuse, un récit enivrant, empreint d’une féroce beauté. World fantasy award 1991.

La huitième fille / Terry Pratchett



Dans l’univers du Disque-Monde, il est d’usage qu’un mage mourant transmette ses pouvoirs, son bâton, voire son fonds de commerce, au huitième fils d’un huitième fils. Il en sera de même pour Tambour Billette, mage usagé qui va s’échouer dans la ferme des Lefèvre, où un huitième enfant est attendu. La transmission est faite, et Billette meurt… En ignorant que son successeur est, en réalité, une fille ! La petite Eskarina, sous le patronage bourru de la sorcière Mémé Ciredutemps, part à la conquête de ses pouvoirs jusqu’aux portes de l’université de l’Invisible, dans laquelle elle espère, et qu’importent les traditions, être formée à son emploi de mage. Burlesque, hilarant et irrévérencieux, Terry Pratchett n’a de cesse, dans son impressionnante saga du Disque-Monde, de tordre le cou aux codes littéraires de la fantasy pour offrir des récits hauts en couleurs et délicieusement acidulés.

Zita, la fille de l'espace / Ben Hatke





Brunette pêchue et volontaire, Zita adore parcourir les bois en compagnie du blond et tendre Joseph. Lorsque les deux amis découvrent un étrange objet abandonné au sol, Joseph bien sûr, rechaussant ses lunettes, sermonne la curieuse Zita : toucher ce que l’on ne connaît pas, c’est défendu, c’est dangereux ! Mais Zita la curieuse prend le curieux bidule, le secoue, le triture… Et un éclair atroce vient aspirer Joseph, le propulsant dans une inquiétante galaxie peuplée de robots, rats géants et autres joueurs de flûte… Zita se met aussitôt en quête de son ami, embrassant sans complexe le statut de mini-héroïne de science-fantasy. À la fois tendre, drôle, sombre, angoissant et ténu, fourmillant de trouvailles et de personnages incroyables, Zita est une série jeunesse qui ne prend pas ses lecteurs pour des ânes, ne leur dissimulant ni le tragique, ni le merveilleux du récit – c’est là sa force et sa lumière.