dimanche 24 février 2013

Hilda et le géant de la nuit / Luke Pearson

Le pitch


Hilda et sa mère vivent paisiblement dans leur modeste chaumière, au creux de calmes vallées… Jusqu’à ce qu’une armée d’elfes aussi minuscules que territorialistes s’emploient à les faire déguerpir, jets de pierres, missives haineuses et dégâts collatéraux à l’appui. Forcée d’entrer en négociation avec les belliqueuses peuplades des provinces elfqiues du Nord, Hilda devra faire preuve de toute son éloquence pour pouvoir rester chez elle... 




Avis



Une belle découverte, et un vrai coup de  coeur pour cette série de pure fantasy, entière, fraîche, drôle et décomplexée, terriblement efficace. Personnages, couleurs, découpage, tout est ici au service d’un récit délicieux, dont se dégage une poésie de l’étrange qui n’est pas sans rappeler les frasques d’un certain Hayao Miyazaki…. 

À lire absolument ! (Dès 7 ans)

Les albums de la série (trois parus actuellement : Hilda et le troll, Hilda et le géant de la nuit, Hilda et la parade des oiseaux) sont maquettés et fabriqués avec grand soin, et de fait plaisants à manipuler, comme le le montre cette image (source : Nobrow http://www.nobrow.net/6799) :



Les couvertures des autres tomes :



Infos

Titre : Hilda et le géant de la nuit
Parution : 01/12/2011
Éditions : Nobrow
ISBN : 978-1-907704-36-9
Prix : 14.80 €
Pages : 48


dimanche 10 février 2013

L'Épouvanteur T 9 : Grimalkin et l'épouvanteur / Joseph Delaney


Le pitch


John Gregory, Alice et Tom sont de retour à Chipenden après avoir dûment décapité puis entravé le corps de leur ennemi mortel - nul autre que le Malin en personne ! Un tel traitement aurait été fatal, cela va sans dire, à bien d'autres, mais il s'agit ici du diable lui-même - qui se retrouve, au début de ce neuvième tome de l'Épouvanteur en fort fâcheuse posture. Ses partisans cherchent le moyen de réunir le corps et la tête de leur maître, afin de lui rendre sa puissance. Or, le chef si convoité n'est pas détenu par Tom Ward et consorts ; non : la tâche de dissimuler le funeste fardeau est confié à la sanguinaire Grimalkin, sorcière tueuse du clan Malkin. Saura-t-elle tromper la vigilance de ses poursuivants ? 






Avis


On ne change pas une équipe qui gagne : Joseph Delaney, si.



Huit tomes durant, l'auteur nous a offert son récit vu par les yeux de Tom Ward, l'apprenti épouvanteur ; et le lecteur suivait avec tendresse (et franche trouille) les péripéties telles que transcrites par un gamin qui doit, bien malgré lui, se montrer brave face à "l'obscur". Au fil du temps, on se sent bien dans la peau du petit anglais, on se dégrossit avec lui, on adopte ses réflexes face aux dangers, ses timidités face aux charmes d'une certaine jeune sorcière. Thomas Ward devient, à l'instar d'autres héros, un petit prolongement de nous-même dans lequel il est confortable, sinon douillet, de se glisser à chaque nouveau tome pour reprendre sa double vie de préado épouvanteur promis à un destin d'exception.

Le lecteur de série passe pour un animal d'habitudes - c'est en tous cas mon cas. L'attente que je nourrissais, en ouvrant le neuvième tome de la série, était ainsi bien simple : retrouver la peau de ce bon vieux Tom, et parcourir avec lui les quelques miles qui m'amèneraient un peu plus près du mystère de la pierre des Ward, annoncée en exergue dès le tome 1. 

Or, voilà que Joseph Delaney change brutalement de cap et relègue en deux lignes le petit Tom au placard, pour livrer la narration à un autre personnage, à savoir Grimalkin, l'une des figures les plus impressionnantes du casting de déséquilibrés qui entourent Tom Ward. 

Trahir sans vergogne les attentes de son lectorat reste un pari risqué, si l'on considère le nombre de jeunes (et moins jeunes) fans éperdus attendant la suite des aventures de leur Tom chéri, et l'enracinement très particulier, j'ose le croire, des habitudes de lecture pour un suiveur de cycle. Pari pas plus suicidaire, me direz-vous à raison, que la tendance de Gerorge R. R. Martin à trucider allègrement des personnages principaux, sans ménager le moins du monde son paisible lecteur, mais enfin, pari un peu fou tout de même.

Et donc, ce pari du passage de flambeau narratif, Delaney l'a-t-il relevé avec brio ? 



S'il s'avère je ne peux décemment pas faire un sort trop sévère au roman - au temps pour le sadisme fiérot du chroniqueur ! - qui n'est pas mauvais, inintéressant, ni vraiment "gadget" par rapport au reste de la série, comme cet inattendu changement de narrateur le laissait présager, je n'irai pas pour autant m'enthousiasmer. En effet, ce qui gêne, dans ce Grimalkin et l'épouvanteur, (traduction d'ailleurs simplette du fringant "I am Grimalkin") c'est qu'en étant à présent autorisé à pénétrer l'esprit de Grimalkin, à voir par ses yeux, à suivre ses raisonnements comme ses pérégrinations, sentir les palpitations de son coeur et renifler les rémugles de sa chair, elle n'a de fait plus de secret pour nous. Ce personnage, jusqu'ici si fascinant, se voit comme défloré : les mystères qu'étaient le passé, les motivations et la psyché de cette tortionnaire psychopathe, qu'on se fustige d'admirer, sont brutalement dévoilés, dans un grand mouvement dont, dans ma légendaire sensiblerie, je déplore l'obscénité. Qui pourrait m'en blâmer ? Il n'est plus possible, aujourd'hui, d'imaginer les formes de Grimalkin sous son costume de cuir couvert de couteaux prestes à trancher les pouces ; l'auteur, en promouvant la tueuse narratrice, la livre nue à son public. Aimable de sa part ? En fait, non. Joseph Delaney pèche par trop de générosité.



Aussi, sur cette amère fin de chronique, je vais m'en aller pleurer plus loin la perte des fantasmes qui me restaient à nourrir sur les charmes obscurs d'une sorcière sadique assoiffée de torture. Snif.



Infos

Titre : Grimalkin et l'épouvanteur (T 9)
Editions : Bayard jeunesse
Parution : 24 janvier 2013
ISBN : 978-2-7470-4501-8
Nb de pages : 315
Prix : 13€50