lundi 12 novembre 2012

Le dernier chasseur de sorcières / James Morrow

Le pitch

"En 1688, Jennet, fille d’un célèbre chasseur de sorcières, a douze ans. Sa tante Isobel, grande admiratrice de Newton, se voit accusée de sorcellerie parce qu’elle a réussi à expliquer des phénomènes naturels tenus jusque-là pour divins. Jennet part à Cambridge dans l’espoir de convaincre Newton de venir témoigner à son procès. Mais Isobel est condamnée au bûcher et Jennet jure de consacrer sa vie à l’abolition de la loi contre la sorcellerie… 

A la fois biographie fictive, récit épique et « exercice d’apologétique newtonienne », ce roman, raconté à la première personne par le propre livre d’Isaac Newton, les Principes mathématiques de philosophie naturelle, nous emmène aux origines de la rationalité occidentale, à une époque où cohabitent dévots obscurantistes brûleurs de sorcières et premiers scientifiques..." (résumé éditeur)




Avis


ATTENTION : CHRONIQUE DITHYRAMBIQUE À SUIVRE.

Écrire au sujet d'un ouvrage de Monsieur James Morrow, dont l'intelligence et la parfaite érudition se doublent, rare et précieux alliage, d'un véritable talent de conteur et d'un sens de l'humour redoutable de finesse, est une tâche délicate. Difficile en effet pour l'humble chroniquer de trouver les mots capables de témoigner avec justesse de l'excellence d'un tel auteur !

Dès les premières pages, James Morrow offre un pacte de lecture inédit : le roman que l'on s'apprête à lire, Le Dernier chasseur de sorcières, est raconté par un autre livre, les Principes Mathématiques de Newton. Morrow n'est lui-même qu'un vague scribe humain, à l'instar de tout romancier qui, se croyant démiurge, n'est en fait qu'un passeur choisi par un livre qui a encore des choses à dire. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que certains bouquins sont impossibles à arrêter dans leur compulsion d'écriture : ainsi "After 'Waiting for Godot' acquired a taste for writing Windows software documentation, there was no stopping it" ! 

Le doute assaille bien sûr au départ : comment un tel argument d’écriture peut-il être tenu sur les quelques 680 pages qui vont suivre ? Cela semble relever d'un défi d'une insoluble complexité... Mais aucun problème pour Morrow : sa géniale trouvaille se tient sans problème. 

N'ayez pas peur, Le Dernier chasseur de sorcières n'est pas qu'un formidable os à ronger pour les théoriciens en structure narrative de tous bords : l'histoire elle-même - celle que nous racontent les Principia ! - est absolument immersive (on suit avec passion la vie de Jennet) et le fond historique est bien sûr excellent (la chasse aux sorcières n'aura plus de secret, ou presque, pour vous !). Ajoutez un puissant maillage d'ironie, et vous obtenez un livre tout à fait fabuleux.

Un roman incroyable, qui a fait une entrée fracassante dans ma top-list des écrits inoubliables, capables de marquer profondément et durablement l'intellect, l'imagination  et la sensibilité du lecteur. Un must-have !


Quelques liens :
- le site de l'auteur : (http://www.sff.net/people/jim.morrow/)
- Un bel article (en anglais) : http://www.nytimes.com/2006/03/30/books/30masl.html?_r=0

Infos


Auteur : James Morrow

Traducteur : Philippe Rouard
Éditeur : Au Diable Vauvert
Parution : 24/10/2003
ISBN2-84626-059-1
Prix : 23€
Pages : 686

lundi 5 novembre 2012

Fairy Quest T1 : Les Hors-la-loi / Paul Jenkins, Humberto Ramos, Léonardo Olea

Le pitch

"Il était une fois à Bois-des Contes, un monde enchanté où vivent tous les personnages des fables merveilleuses de l'enfance... Dans cet univers, le quotidien des habitants s'avère immuable, huilé comme une horloge suisse. Le comportement de chacun est définitivement écrit, il faut respecter la trame précise du récit et ne jamais sortir de son rôle. Or un jour, le Petit Chaperon Rouge, épuisé de réinterpréter chaque jour la même histoire, d'arpenter de façon répétitive le même chemin, de déclamer perpétuellement les mêmes discours, décide avec son complice le Loup de sortir des sentiers battus et de s'émanciper du scénario. 
Mais pourront-ils vraiment devenir libres, alors que l'infâme monsieur Grimm lance ses hommes de main à leurs trousses ?" (résumé éditeur)






Avis

Une série de facture graphique plutôt classique, qui du point de vue scénaristique s'emploie à ajouter une pierre à l'édifice (déjà haut !) du conte détourné. Le pari est plutôt réussi,  grâce à certains détournements narratifs intéressants [SPOIL], notamment l'environnement de Bois-des-Contes, théâtre peu enchanteur gouverné d'une main de fer par Grimm, sorte de Big Brother sadique obsédé par le respect de l'histoire et tenant les personnages des contes en respect par la menace... voire la torture : Cendre Illon (!) est ainsi châtiée en place publique par un passage dans le redoutable "Vide-Tête", charmante invention destinée à effacer les souvenirs des récalcitrants et les faire rentrer dans le droit chemin narratif. Mêler conte détourné et dystopie : pas mal du tout !

Une bande dessinée sympathique, donc, et accessible aux plus jeunes. À suivre !

Infos

Auteurs : Paul Jenkins (Scénario), Humberto Ramos (Dessin), Leonardo Olea (couleur)
Éditeur : Glénat (collection Grafica)
ISBN 978-2-7234-8962-1
Parution : 16/05/2012
Prix : 13.90 €
Pages : 48

dimanche 4 novembre 2012

Mathieu Hidalf et le sortilège de Ronces : Mathieu Hidalf T3) / Christophe Mauri

Le pitch

Nouvelle rentrée pour Mathieu Hidalf, qui compte bien entamer cette deuxième année à l'école de l'Élite sous les meilleurs auspices. C'est sans compter M. Hidalf père, qui lui, toujours décidé à triompher de son infernal rejeton, a trouvé LA parade idéale : marier de force Mathieu à Marie-Marie du Château boisé. Mathieu a 7 jours pour trouver un moyen d'empêcher ce mariage... Alors qu'une menace s'étend, telle une ombre, sur l'Élite.


Avis

Avec ce troisième tome, Christophe Mauri marque une étape dans le cheminement de son personnage - mutation logique vers une trame narrative plus sombre, dramatique. Mutation naturelle... Mais qui n'est pas sans faire naître quelques légitimes regrets chez le lecteur.

Confronté à des évènement qui le dépassent très clairement, Mathieu n'a en effet d'autre choix ici que de faire face (lui qui était l'incarnation même du détour, de la ruse, l'astuce, le calcul, voire la totale tricherie) et se contraindre, tel un personnage de fantasy épique lambda, au sacrifice. Quel dommage ! Mathieu Hidalf n'avait rien d'un martyre, et c'est bien ce qui faisait son originalité, sa fraîcheur et surtout, son impertinence.

Ne nous méprenons de plus pas ; le livre est bon, bien construit, il se lit avec plaisir... Il n'empêche que Mathieu Hidalf se rapproche nettement, avec ce troisième tome, du profil d'un cycle de fantasy jeunesse classique - Mathieu, et le récit avec lui, perdant au passage de son impertinence, de son punch, et tout simplement de sa franche drôlerie. 

Un avis un peu sévère, certes ; souhaiterais-je m'en dédouaner que j'avancerais sans vergogne un dicton populaire du type "qui aime bien châtie bien", et autre "noël au balcon, pâques au tison" ; je m'en garderai. 

À suivre dans le quatrième tome, annoncé pour l'automne 2013 !


Infos

Titre : Mathieu Hidalf et le sortilège de ronces (Série : Mathieu Hidalf, Tome 2)
Édition : Gallimard jeunesse
Parution : 27/09/2012
Prix : 13.20€
Pages : 378