lundi 19 décembre 2011

Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants / Terry Pratchett

Le pitch


"Vous connaissez l'histoire du joueur de flûte de Hameln ? Les rats avaient envahi la ville, les habitants se désespéraient ; un joueur de flûte vint les sauver, qui ensorcela les rats au son de son instrument et les fit quitter la ville derrière lui pour les noyer dans la rivière.

Imaginez maintenant des rats intelligents qui soient de mèche avec le joueur de flûte... et pilotés par le roi de l'arnaque soi-même, le fabuleux Maurice, le chat de tous les chats. Ça, c'est une combine qui peut rapporter gros.

Jusqu'au jour où la fine équipe s'attaque au bourg de Bad Igoince où l'attendent le mystère, la terreur et le Mal..." (résumé éditeur)






Avis

Un livre tout simplement prodigieux... tout autant d'ailleurs que son inénarrable protagoniste en chef, le bienheureux, le malin, le vénal bon gros matou dont vous serez à n'en pas douter des admirateurs comblés après la lecture de ce bijou ; j'ai nommé le seul, l'unique, le fabuleux Maurice !


L'intelligence, le génial humour et le pur talent d'auteur de Terry Pratchett sont de notoriété publique pour le cercle de ses fans (dont je fais ardemment partie... mais ais-je réellement besoin de le préciser ??)S'il est coutumier de prétendre que les romans "adultes" des Annales du Disque-Monde, cycle dont fait partie ledit Maurice, peuvent s'avérer quelques peu obscurs pour des lecteurs non rodés aux codes et lieux communs de la fantasy, il n'en est pas de même pour les "hors-série" davantage destinés au lecteurs plus jeunes, comme Maurice.


Ce livre est en effet à mettre véritablement entre toutes les mains : la légende du joueur de flûte est universelle, sa parodie l'est tout autant... idéal pour les enfants comme les adultes quelques soient les habitudes de lecture, parfait pour se procurer de beaux moments de suspense et surtout, surtout, de franches poilades grâce à l'humour so british de Sir Pratchett...


Ce serait donc, chers lecteurs, une regrettable folie de se priver d'un tel concentré d'humour, d'intelligence et d'aventures rocambolesques... 
En trois mots : un pur bonheur !


Infos

Edition : L'Atalante (La dentelle du Cygne)
Parution : 11/2004
Nb pages : 288
Prix : 14€
ISBN2-84172-292-9

mercredi 14 décembre 2011

Le Tempestaire T2 : Les flibustiers du vent / Johan Heliot


Résumé

Jed et ses compagnons ont réussi à échapper aux mystérieux Directeurs, créatures serpentines régnant sur la crasseuse cité de Rédemption. 

L'apprenti tempestaire n’est cependant pas au bout de ses peines : son récent et éreintant combat avec lesdits Directeurs a provoqué la libération de l'Aergys, puissance incontrôlée à l'origine du pouvoir du jeune garçon.  Le réveil de cette bête mythique a permis d'ouvrir un passage vers le mystérieux Archipel, terre de dangers, de combats et de phénomènes magiques étonnants... ou proprement terrifiants !

Rapidement séparé de ses compagnons d'aventure, Jed devra user de son intelligence et apprendre à maîtriser son pouvoir afin de rester en vie. Morrow et bien d'autres sont en effet à sa recherche...

Les flibustiers du vent est le deuxième volet d'un cycle qui compte deux autres tomes  :
La confrérie des nuafrageurs (T1) ; avis sur ce lien http://fugu-galactique.blogspot.com/2011/09/le-tempestaire-t1-la-confrerie-des.html
Le Roi au coeur de pierre (T.3) ; avis à venir




Avis

Un deuxième tome passablement déroutant par le radical changement de rythme et de mode narratif choisi par le sieur Heliot
En effet, si le premier tome du cycle était construit et rédigé selon une trame très concentrée  presque compacte, tant géographiquement (Rédemption, le quartier Gueux) qu'au niveau du suivi de personnages (Jed comme élément central du canevas narratif et galerie de personnage gravitant autour du héros désigné), il n'en est plus rien dans ce deuxième tome.

En effet, les points de vue sont considérablement démultipliés et le lecteur suit tantôt Jed, tantôt ses amis, tantôt ses ennemis, voire encore les directeurs, de nouveau personnages ou même d'anciens que l'on croyait restés six pieds sous terre ; ces derniers témoignent de lieux extrêmement divers : l'archipel et ses innombrables îles, Rédemption, les nombreux navires rencontrés, etc. 

Quelques points négatifs inhérents au type de traitement choisi par l'auteur : une intrigue éclatée, morcelée, parfois difficile à suivre - presque décousue si l'on considère la remarquable cohérence narrative du premier tome. 

Ce choix entraîne également cependant de nouveaux éléments plus réjouissants : en effet, grâce à cette gestion "tonique" de son intrigue, Heliot offre à son lecteur des scènes de pirateries délicieuses, et de nombreuses trouvailles en terme de décors ou de personnages secondaires : îles paradisiaques ou franchement inhospitalières du mystérieux Archipel, terrifiant guerriers revenus d'outre-tombe, les esprits de métal, ou le savoureux Sombramer, séduisant selon la jeune Naït malgré son haleine pestilentielle, mal quasi atavique  des vieux loups de mer réfractaires à l'hygiène buccale !! 
Davantage d'humour et d'action donc dans ce deuxième tome, ce qui n'est pas pour déplaire !

D'autres bémols doivent néanmoins être recensés
- les nombreux "entre-temps..." (plus d'une dizaine me semble-t-il) de deux-trois pages chacun qui ajoutent encore à la complexité ambiante et ne semblent pas toujours réellement utiles ; ainsi que 
- les non moins nombreux come-back de personnages censément morts... procédé scénaristique certes pratique pour relancer l'intrigue mais un peu trop facile et rapidement lassant.  Cette manie emmène de plus une nouvelle fois de la confusion dans le cheminement de lecture : à chaque nouveau décès, même si celui-ci survient après une bataille particulièrement âpre ou un assassinat a priori violent, brutal et choquant, le lecteur a tendance à ne plus s'abandonner à aucun sentiments de peine ou de révolte tant le retour de l'En-Bas semble aisé - presque automatique ! - dans l'univers du jeune Jed.

Un deuxième tome en demi teinte donc - plus vif et plus généreux que le premier, mais souffrant d'une ligne narrative très éclatée et de quelques facilités scénaristiques - qui reste cependant globalement toujours bien mené et bien écrit (le style plus "punchy" en raison des nombreuses scènes d'action bien menées peut susciter d'ailleurs davantage l'adhésion du lecteur friand d'abordages épiques que dans le premier tome). 
A voir maintenant ce que réserve le dernier tome de la trilogie pour un avis global...

PRECISION le 15/01/2012 : le troisième tome balaye en grande partie les réserves émises ici !! Well done Mister Heliot !

Infos


Tome 2
Titre Les flibustiers du vent
Editions : Baam !
Parution : 08/09/2010
Prix : 13€
Nb de pages : 378
ISBN 978-2-290-02381-5

mardi 22 novembre 2011

Le blog change de nom !

Chers lecteurs,


Vous, que je sais nombreux et assidus (mille mercis), serez heureux d'apprendre que votre blog fétiche a changé de nom.


Mais pourquoi donc ? me demanderez-vous, en incorrigibles internautes inquisiteurs que vous êtes (mais si, mais si).


Très simple.


La nouvelle mouture pourrait éventuellement être vue comme destinée à se débarrasser d'un nom de domaine un peu trop usité par mes charmants co-bloggers (notons par exemple http://climaginaire.com/ ; http://chroniquesdelimaginaire.fr/ ; etc. bis et repetita), ou encore comme un modeste clin d'oeil au célèbre et regretté cafard - http://www.cafardcosmique.com/ - ou à l'actif et sympathique castor - http://www.castorastral.com/.


Il n'en est rien voyons : cette nouveauté est pour vous, rien que pour vous. Gratuit. Fun.
Pour se régaler les mirettes.


Enjoy !

samedi 5 novembre 2011

Jenna Fox, pour toujours / Mary E. Pearson

Le pitch 

"Ainsi reprend la vie de Jenna, 17 ans, amnésique, après un an passé dans le coma. Tant bien que mal, sous la houlette de ses parents, la jeune fille réapprend à être celle qu'elle a toujours été, une enfant adorée, vénérée. Pourtant, très vite, Jenna comprend qu'elle est bien plus que les faits et statistiques qu'on lui fait avaler. Plus que les vidéos qu'on lui fait regarder. Et avec les souvenirs apparaissent des questions, auxquelles personne ne veut répondre..." (Résumé éditeur)



Avis

Un roman de science-fiction qui cache un peu son jeu dans les premières pages (anticipation ou non ?) puis dévoile rapidement ses grosses ficelles : le coma, ressort narratif ultra-classique, et les questionnement pseudo existentiels d'une ado en crise, bafouée, trompée et [SPOIL] transformée en méta-humaine par son scientifique de père pour la faire échapper au trépas suite à un accident de voiture.

Il est regrettable que l'auteur n'ait pas joué à fond la carte de l'anticipation et  n'ait pas davantage exploité le seul "thème" intéressant de cet ouvrage - l’animalité brutale du rapport entre géniteurs et rejetons, amour sanguin qui pousse à repousser les limites même de la vie ; désir innassouvi d'échapper, par toutes les possibles, à l'inéluctable partie de poker menteur finale avec cette bonne vielle Camarde - pour au contraire le mâtiner copieusement de passages d'un romantisme vaseux afin de s'assurer l'adhésion de jeunes lectrices aux hormones bourgeonnantes. Tous les passages dans "l'école" (5 élèves ??!!?, parti pris un peu facile et peu crédible qui débouche au final sur un huis clos mou) ainsi que les personnages masculins semblent ainsi passablement inutiles.

Ajoutons à cela que le "suspense" du roman (mais qu'est-il arrivé à cette pauvre Jenna ??) est largement prévisible, et que les aspects techniques de la chose apparaissent plutôt hésitants, voire poussifs, et l'on ne peut que regretter le traitement mi figue mi raisin de ce qui aurait pu être un texte corrosif et secouant vraiment les méninges (et papilles !) de l'ami lecteur.

Que dire ? Bien écrit certes, mais consensuel et souffrant d'un trame plutôt faiblarde en raison de sa constante hésitation entre pure SF et amourette déchirée; la romancière semble être passée à côté de son sujet

La sélection de ce roman pour le prix des Incorruptibles reste en ce sens assez énigmatique, la SF jeunesse donnant aujourd'hui des récits plus réussis - à moins bien bien sûr que ce plébiscite résulte d'une volonté d'association avec des réflexions éthiques dans une optique d'étude d'oeuvre en classe. Moyennement enthousiasmant...

Infos

Editions : Les Grandes personnes
Edité le : 26/08/2010
Nb. de pages : 281 p.
Prix : 14 €
ISBN978-2-361-93012-7

Divers : en sélection officielle prix des Incorruptibles 2012

dimanche 2 octobre 2011

Cytheriae / Charlotte Bousquet

Résumé

"La splendeur de Cribella, capitale lagunaire de Cytheriae, n'est plus qu'un lointain souvenir rongé par l'humidité et la décrépitude. Certains prétendent même que d'effroyables créatures hentent ses canaux nauséabonds... Et voilà qu'aujourd'hui une vague de suicides inexpliqués endeuille le quartier populaire de Métida. Nola, écrivain public, et son amant, Angelo di Larini, sorcier réprouvé de l'Ordre de la Nouvelle Lune, entendent découvrir et combattre les forces à l'oeuvre. Leur dernière piste les mène à Malatesta, démon né d'amours contre-nature prisonnier du Dédale. Sera-t-il un allié... ou leur plus implacacble ennemi ?" (4ème de couverture)



Avis

Cytheriae est un roman qui, dès les premières pages, déroute : allez-retours entre passé et présent, voire entre vie et trépas, brouillent la conscience du temps et de l'espace, le fil du récit se tordant insidieusement et filant sous les yeux du lecteur... jusqu'à ce que - dans un processus quasi magique - les éléments se mettent tout à coup en place, d'eux-même, et sans y paraître : les énigmes se dissolvent, les personnages réinvestissent leur place propre - place qu'ils occupaient en fait depuis les premières lignes... 
Pari osé que cette entrée en matière à "rebrousse-poil", mais l'astuce est belle, et fonctionne.. on adhère donc.

Roman déroutant aussi  par son style (plutôt atypique en fantasy)  : langoureux, délicat, remarquablement cristallin et précis, presque éthéré... mais également cruel, sombre, perfide parfois, à l'image de Cytheriae, cette cité d'eau stagnante, de malaise et de vice.  Style maîtrisé et terriblement efficace, de plus parfaitement adapté au personnage principal, la mélancolique Nola, et aux décors  d'inspiration vénitienne. Encore une fois, on adhère...

Poétique, atypique, empreint d'une délicatesse sombre - voire proprement morbide, Cytheriae est un beau roman oscillant entre dark fantasy et fantasy urbaine...  à mettre entre toutes les mains, donc !




Infos

Editions : Mnémos (collection Icares)
Parution : 21/05/2010
Nb de pages : 288 p.
Prix : 20 €
ISBN978-2-354-08080-8

Prix littéraires : Prix Elbakin 2010 et prix Imaginales 2011

jeudi 15 septembre 2011

Collection mini Syros Soon

Une chronique globale pour présenter la collection Mini Syros Soon, chez Syros, consacrées à de très courts récits (40 pages) en petits formats et destinés à la découverte du genre SF pour les plus jeunes lecteurs. 
Exercice particulièrement difficile... et la plupart des titres sont réussis. 
Vraiment intéressant, d'autant que chaque titre ne coûte que la modique somme de 2.95€ !

L'envol du Dragon / Jeanne-A Debats

Le pitch : Valentin, garçonnet de neuf ans atteint d'un cancer, oublie son quotidien douloureux en se connectant dans son jeu en ligne, WorldOfDragons. Grâce à une connexion branchée directement à la base de son crâne (d'où l'aspect SF - sinon peu présent), il est projeté dans l'univers virtuel d'une confrérie de Dragons. Son défi ? Apprendre à voler avant qu'il ne soit trop tard dans le monde "réel".

 

Avis : Bien que très réticente aux livres "sur" ("SUR" la maladie, "SUR" les jeux vidéos) et aux livres censées arracher des larmes aux petits lecteurs, j'ai été (comme nombre de lecteurs adultes) séduite par l'efficacité et la pudeur de ce très court récit. Pour une fois, en plus, que le JdR n'est pas vu comme une perversion destinée à bousiller les petits cervelets... on apprécie.

Nb de pages : 40
ISBN : 978-2-74-851067-6


Libre / Nathalie Le Gendre

Le pitch : Sur Hamada, les colons Terriens ont réduits les autochtones à l'esclavage. Mais ceux-ci, par un subterfuge de leurs oppresseurs, ne s'en rendent pas compte et travaillent avec joie... Hamu, petite fille d'Hamada, va comprendre petit à petit la vraie nature de la relation l'unissant aux Humains.


Avis : Trame ultra-classique, mais texte ultra efficace ! On s'attache très vite à cette fillette qui, naïve malgré elle, va déciller et réaliser que les Humains sont plutôt de sales types, en définitive (tendeance assez prégnante en SF jeunesse ces dernières années ?). Et la tomate comme fruit de la connaissance, sympathique clin d'oeil ! Bref très bien fait, une excellente initiation au genre.

Nb de pages : 43
ISBN : 978-2-74-851065-2



vendredi 2 septembre 2011

Le Tempestaire T1 : La confrérie des naufrageurs / Johan Heliot

Résumé

Dans la décadente Rédemption, ville portuaire sombre peuplée de réprouvés et de Gueux, se dresse la maison d'Haggis, celui que l'on appelle "maître des Innocents". La spécialité de ce Haggis est de recueillir des nourrissons, des les "élever" et, à l'âge tendre de dix ans, de les soumettre à un épreuve destinée à prouver leur valeur et éventuellement révéler leur pouvoir. A Rédemption en effet, seul le pouvoir peut aider un enfant à s'en sortir...

Or Haggis ignore encore qu'il parmi ses cadets un jeune garçon, Jed, qui deviendra l'enjeu majeur d'une lutte sans merci entre les Directeurs, dirigeants de la cité, et la Matrone des Naufrageurs, représentante du contre-pouvoir. Le petit Jed possède en effet un talent rarissime : il est destiné à devenir le nouveau tempestaire, c'est à dire celui qui commande aux éléments.

La confrérie des naufrageurs est le premier volet d'un cycle qui compte deux autres tomes (lectures et critiques à venir) :
- Les flibustiers du vent (T2)
- Le Roi au coeur de pierre (T.3)



Avis

Un début de série très prometteur : l'intrigue pique la curiosité, les personnages  connaissent des évolutions très intéressantes (qui est vraiment la matrone ?? mais que va devenir l'odieux Morrow ??) et le monde créé est dense et fascinant : qu'il s'agisse des décors de ville rongée par la crasse et le vice, la frénésie savante des marins maîtrisant leurs bateaux et investissant le port, ou encore les majestueux plans d'ensemble livrés par Jed lorsqu'il prend possession de son pouvoir, l'univers du Tempestaire est solide et lie sans aucun problème la laideur des faubourgs Gueux, les chemins tortueux de l'en-bas, la colère de la mer ou des cieux. Tout à fait réussi donc.

Il semble en revanche regrettable que l'écriture se montre parfois (peu souvent) trop pompeuse, presque encyclopédique lorsqu'il s'agit d'étaler devant le lecteur pléthores de termes maritimes (comme si l'on voulait montrer qu'on "s'y connaît" ou qu'on veut "apprendre quelque chose" au petit lecteur ; foin de la la pédagogie livresque en fantasy messieurs, laissons cela à nos (sympathiques) confrères de "c'est pas sorcier" !).

On aurait ainsi aimé davantage de vivacité, d'audace voire d'humour dans le texte pour mieux coller à l'aspect majoritairement fétide, grumeleux et inquiétant de la cité. L'écriture ici fige presque le roman, le rend un peu lisse, un peu sérieux... bon, ce sont des broutilles vis-à-vis de la globale réussite de l'ouvrage, mais tout de même ! C'est également bien sûr en fan de La Guerre des mondes n'aura pas lieu que je note ce changement de style, mais enfin...

Un premier tome passablement alléchant donc, bien mené et bien écrit (malgré un style parfois trop ampoulé) qui plaira sans conteste aux jeunes lecteurs et lectrices (et aux autres !) dès 12 ans. La lecture de la suite est prévue pour donner une vue d'ensemble sur ce cycle ; mais a priori connaissant l'auteur la qualité devrait être au rendez-vous, donc pas de risque à investir dans son Tempestaire !

Infos

Tome 1
Titre : La confrérie des naufrageurs
Editions : Baam !
Parution : 12/05/2010
Prix : 13€
Nb de pages : 414
ISBN978-2-290-01790-6


Tome 2
Titre : Les flibustiers du vent
Editions : Baam !
Parution : 08/09/2010
Prix : 13€
Nb de pages : 378
ISBN 978-2-290-02381-5

Tome 3
Titre : Le roi au coeur de pierre
Editions : Baam !
Parution : 04/05/2011
Prix : 13€
Nb de pages : 349
ISBN978-2-290-02822-3

jeudi 1 septembre 2011

Odd et les géants de glace / Neil Gaiman

Résumé


Dans le monde du jeune Odd - un monde Nordique des temps anciens, fait de glaces et de fjords - le printemps, époque de renouveau et perspective de nourriture pour les bêtes et les hommes, se fait attendre. Nul ne sait comment contrer ce dérèglement inattendu de la nature... jusqu'au jour où Odd, que la chance a oublié depuis longtemps, délivre par hasard un ours dont la patte est coincée dans un arbre. 

Cet ours, flanqué de deux compagnons des plus étranges - un renard et un aigle - serait en effet un dieu victime d'un sortilège. Conjurer le mauvais sort permettrait de redonner aux saisons leur cours habituel.

Or, Odd semble être le seul humain disponible pouvant aider les dieux en se rendant au pays des terribles géants de glace...



Avis

Après Coraline (2003) et L'étrange vie de Nobody Owens (2009), l'ami Gaiman était bien sûr attendu au tournant. Verdict ? Magistral :  En magicien goguenard du verbe, l'auteur nous régale une nouvelle fois... et Odd n'est pas loin d'être, dans mon cas, mon héros de Gaiman favori !


Il n'est pas besoin de critique distillée dix pages durant pour faire toucher du doigt l'essence même de ce texte indescriptible, intelligent et plein de nonsense, parabole de l'entrée à l'âge adulte ou pérégrination flottante dans les fjords en compagnie de Dieux passablement concupiscents ou grognons.... c'est pourquoi je livrerai ici simplement les toutes premières phrases du livre, qui posent gentiment les balises  du conte pour aussitôt les ravaler dans majestueux calembour (NB : "Odd" en anglais signifie..."bizarre" !! ) :


 "Il était une fois un garçon nommé Odd, ce qui n'avait rien d'étrange ni d'inhabituel en ce temps et dans cette contrée-là. "Odd" signifiait "la pointe d'une lame", c'était un nom porte-bonheur. 
 Le garçon, en revanche, était un peu bizarre."

Ah ! Impossible de résister à la tentation d'un commentaire supplémentaire.. Avec de belles pages très aérés aux grands caractères et des gracieuses illustrations en tête de chapitre, Odd et les géants de glace est définitivement un conte splendide, entre philosophie et absurde, comme seul Gaiman sait les faireMoins sombre que Coraline, ce roman est accessible en lecture seule dès 8-9 ans ; en lecture à voix haute cela marcherait aussi très bien pour des plus jeunes.

Une des (splendides) illustrations de Brett Helquist

 Indéniablement, une réussite ; une lecture douce-amère qui reste au coeur... et exalte même, comme on peut le constater, les accents lyriques du chroniqueur !!

Bref : du grand Gaiman pour seulement 10 € : amis lecteurs & bibliothécaire, allez-y gaiement !!


A noter : on a ici encore un très bon titre de la collection Wiz (même si la prise de risque, compte tenu de l'auteur, restait ici minime) ; collection sympathique malgré quelques ratés quasi historiques (Citons l'inimitable - et c'est heureux - Comment j'ai embrassé un zombie par exemple).

Infos


Illustrations : Brett Helquist
Traduction : Valérie Le Plouhinec
Editions : Albin Michel (Collection Wiz)
Parution : 03/11/2010
Prix : 10€
Nb de pages : 141 
ISBN 978-2-226-19554-8

lundi 29 août 2011

L'Agence Pinkerton T1 : Le châtiment des hommes-tonnerres / Michel Honaker

Résumé


Salt Lake City, hiver 1969. Neil Galore, joueur de poker et roublard notoire, n'a plus un sou en poche. Il décide de répondre à une annonce proposant un poste de détective au sein de la mythique agence Pinkerton, créée par le non moins célèbre - et mystérieux - Allan Pinkerton dans le but d'éradiquer le crime aux quatre coins des Etats-Unis. 


Neil Galore, flanqué de trois coéquipiers fraîchement pourvus de l'insigne des Pinkerton, se voit chargé d'une enquête sur le transcontinental (train reliant l'ouest et l'est). Un étrange criminel, surnommé "le chapardeur", sévit en effet dans le train au couvert de la nuit.


Tome 1




A NOTER : le deuxième tome, Le rituel de l'ogre rouge, est paru en août 2011 avec une couverture tout aussi superbe que la première... lecture et critique à venir !


Tome 2




Avis


Avec ce roman, Michel Honaker veut nous plonger dans une ambiance "Amérique rétro au XIXème, entre cow-boys et débuts de l'industrialisation".... pari réussi !

Parties de poker, danseuses de saloon, combats à la carabine et magouilles autour du chantier de construction du premier chemin de fer, le décor est parfaitement mis en place. Les tribulations des quatre nouveaux agents Pinkerton, menés par un sympathique héros dandy et roublard, le jeune Neil galore, sont de plus aussi savoureuses que captivantes.


L'enquête va rapidement se détourner de la figure du méchant - le fameux "chapardeur" - pour s'intéresser aux zones d'ombres qui subsistent autour de la construction du chemin de fer... changement de cap qui sera l'occasion pour l'auteur d'intégrer de très beaux moments de surnaturel propres à faire frissonner le lecteur !


Seul bémol (soyons exigeants) : une révélation finale trop convenue, façon "Star wars"... mais on pardonne vite au romancier, excellent par ailleurs !


Palpitantes, prenantes et surprenantes : les aventures de Neil Galore sont si bien ficelées, entre western et fantastique, qu'on en redemande sans problèmes ! Une vraie lecture plaisir, très piquante, à conseiller à tous.


Infos


Tome 1
Editions : Flammarion
Parution : 02 février 2011
Prix : 13€
Nb de pages : 240
ISBN978-2-08-123330-0


Tome 2

Editions : Flammarion
Parution : 24 août 2011
Prix : 13€
Nb de pages : 235
ISBN978-2-08-124330-9

mercredi 24 août 2011

Le peuple des minuscules T1 / Steve Augarde

Résumé

Midge, douze ans, part en vacances chez son oncle pendant la tournée de concerts de sa mère, une célèbre violoniste. La petite fille, habituée à la ville, tombe très vite sous le charme de la ferme familiale, des animaux et des bois environnants. 

Alors qu'elle explore avec délices ce nouveau terrain de jeu, Midge entend soudain une voix appeler près de la grange. Curieuse, elle s'approche... et découvre une étrange créature coincée sous une machine agricole : un cheval blanc miniature, doté de grandes ailes de chauve-souris, qui l'appelle à l'aide. Il est le messager du peuple des Minuscules, habitants du bois appartenant à l'oncle de Midge.

Cette dernière est affolée : ce bois, son oncle prévoit de la vendre très prochainement à un promoteur immobilier... les Minuscules sont en danger !



Avis

En dépit d'une intrigue des plus classiques, Steve Augarde signe là un très beau roman de fantasy jeunesse qui a le mérite (et l'originalité) de ne jamais donner dans la surenchère de merveilleux : tout sonne juste, tout semble vrai... 


Les sentiments des personnages sont décrits avec une précision d'orfèvre, et l'auteur offre à son récit - pourtant "fantaisiste" - un réalisme presque terre à terre. Ainsi Midge, lorsqu'elle découvre Pegs, le cheval ailé, n'est pas du tout émerveillée ; au contraire, dans une réaction très humaine, elle est terrifiée, même révulsée face à l'apparition de cette entité existant hors du temps et du monde normal - on est d'ailleurs ici davantage dans les ressorts du fantastique, l'aspect "fantasy" étant plus vif dès lors que l'univers des minuscules est révélé. Midge s'habituera lentement à l'apparence de son nouveau compagnon ; quant au nouveau peuple, point de contes de fée ou de manichéisme : comme chez les humains, les Minuscules ont leurs belliqueux qui refusent de traiter avec l'autre espèce !

Ce souci de réalisme - couplé à une écriture dense et très maîtrisée - amène à une totale adhésion du lecteur : on se sent véritablement vibrer avec Midge quand la vieille grange désertée ou les futaies du bois, jusqu'ici théâtres d'aventures imaginaires, se peuplent véritablement de créatures incroyables.. un texte à aborder avec son âme d'enfant !

Le peuple des minuscules n'est donc pas qu'un énième roman traitant de  tous petits bonshommes mais constitue un véritable roman de découverte, pétri d'humanité et de merveilleux, dont l'histoire est accessible chez les plus jeunes lecteurs, dès 10 ans (attention néanmoins : l'écriture est très dense, voire exigeante). 1er tome d'une trilogie.

A noter : le prix élevé s'explique par le volume de l'ouvrage et sa facture particulièrement soignée ; ce livre est en effet un bel objet, agréable à tenir en main.

Infos

Traduction : Jean Esch
Editions : Albin Michel (collection Wiz)
Parution : 02 février 2011
Prix : 18 €
Nb de pages : 422

mardi 23 août 2011

La guerre des mondes n'aura pas lieu ! / Johan Heliot

Résumé


En 1887 à Londres, le jeune Herbert G. Wells envoie un manuscrit qu'il pense révolutionnaire à tous les éditeurs de la ville ; mais le texte est partout refusé.
Dépité, le jeune homme décide d'embarquer pour l'Amérique, à la recherche d'une cité idéale où sa créativité pourrait s'épanouir librement. C'était sans compter l'arrivée imminente de visiteurs inattendus : des Martiens peu amènes, que H.G Wells devra repousser afin d'empêcher la guerre des mondes !




Avis

Que se serait-il passé si H.G Wells n'avait pas écrit mais vécu et empêché une invasion de la Terre par les Martiens ? Mais... la guerre des mondes n'aurait pas eu lieu, pardi !

Partant de cette hypothèse passablement farfelue, Johan Heliot signe un très, très bon roman, entre parodie délirante et hommage ému à H.G Wells. Vivant et limpide, le texte exprime avec une tendresse manifeste l'admiration éprouvée pour Wells, grand maître de la SF classique, et donne du même coup envie de redécouvrir La Guerre des mondes...


Au delà de la référence, l'auteur n'oublie pas son propre récit et offre également un délicieux moment de lecture : les personnages sont croqués avec humour et justesse, les aventures se déroulent sans temps mort ; le lecteur, captivé, se laisse emporter avec bonheur dans cette uchronie pimpante, entre pied de nez et hommage à la "grande" science-fiction !

Un roman brillant donc, enlevé, bourré d'humour et de tendresse, entre aventure, hommage et parodie : à lire au plus vite ! Johan Heliot est définitivement un auteur jeunesse à suivre...

Infos

Editions : Mango (collection Mondes imaginaires)
Parution : 19 novembre 2010
Prix : 16 €
Nb de pages : 321

lundi 1 août 2011

Zoo City / Lauren Beukes

Résumé

Dans un Johannesburg fantastique (et cauchemardesque), tous les réprouvés, criminels et autres honnis du système reçoivent un animal qui les accompagnera jusqu'à leurs derniers instants. Les heureux maîtres, ou Zoos, doivent en effet prendre soin de leur bête, car si celle-ci venait à mourir, eux-même perdraient la vie... 

Au sein de l'inquiétante Zoo City, ghetto pour mauvais bougres, Zinzi, meurtrière ordinaire, est ainsi affublée d'un Paresseux (flegmatique comme il se doit) ; mais elle a également reçu un autre présent : une shavi, force magique singulière qui dans son cas consiste à pouvoir retrouver, par la force de la pensée, les objets perdus. Zinzi est employée par les habitants du quartier en quête d'effets personnels envolés.

Elle accède en ce sens à la demande de l'étrange Odi Huron, producteur renommé, qui souhaite exploiter les talents de Zinzi afin de retrouver une pop-star disparue....








Avis

Grief principal : le fil du roman est souvent difficile à suivre, l'auteur ne prenant en effet visiblement le confort du lecteur comme ligne de conduite principale. On a en effet le sentiment que les repères visuels et spatiaux s'effondrent à chaque nouveau chapitre (voire entre deux paragraphes !) tant l'auteur brinquebale son lecteur, avec une brusquerie manifeste, d'un évènement à un autre. Chaque lecture n'a certes pas à être un long fleuve tranquille... mais les ruptures de rythmes brutales (et parfois incompréhensibles) m'ont ici souvent gênée.

Mais, coup de maître ensuite : de cette brutalité qui aurait pu être gratuite, naît l'incroyable cheminement de Zinzi, meurtrière si humaine, accrochée à son paresseux et régnant sur le petit monde de fange qu'est Zoo City. Une écriture comme arrachée, qui prend au ventre et déballe, sans y paraître, l'inattendue beauté couvée entre un tas d'ordures et un sex-shop.


Ce livre permet en outre la plongée, souvent brûlante, dans la culture sud-africaine que l'on découvre - sans toutefois tout comprendre, offrant ainsi au texte une saveur légèrement ésotérique.  Les repères habituels ne sont ici plus seulement bouleversés par les éléments imaginaires, mais aussi par les modes de pensées, les codes de valeur d'un pays et d'une population que l'on connaît (a priori) peu. 


Les questionnements, en ce sens, se bousculent rapidement... L'animal, d'abord : est-il véritablement une punition (une pénitence ?) pour les criminels ? On ressent davantage comme une malédiction, la marque d'un esprit frondeur ou d'un destin pervers  qui offre au réprouvé un cadeau à double tranchant. L'animal est en effet, pour le Zoo, une présence éternelle, une prolongation de son être, mais également l'indélébile marque de l'infamie passée. Les zoos sont d'ailleurs reconnus par la simple présence de leur compagnons à poils ou à plumes.... 


Pour finir : Situé entre science-fiction (presque) désespérée et fantasy urbaine pour cité dépravée... Zoo City est un roman parfois inégal, souvent déroutant dans son rythme et dans la tenue de sa ligne narrative, mais qui emporte cependant l'adhésion du lecteur attentif par sa verve brutale, son univers chaotique et ses multiples implications culturelles et sociales. Les personnages, pétris de leurs fêlures et de leurs violences sont, de plus, traités avec une précision et une passion manifestes

Imparfait donc, mais favorablement insolite, rugueux... et puissant.




Infos


Traduction : Laurent Philibert-Caillat
Editions : Eclipse (collection Fantastique)
Prix : 18€
Nb pages : 343
ISBN : 9-782362-700453
Prix littéraire : Arthur C. Clarke Award 2010 (meilleur roman) ; BSFA award 2011 (meilleure couverture)

samedi 30 juillet 2011

Samien : le voyage vers l'Outremonde / Colin Thibert

Résumé

Orphelin exploité par un couple de soudards violents, Samien, petit paysan des Kraspills, dans le monde imaginaire de Sarancol, prend la fuite. Perdu dans le désert, il rencontre une étrange créature qui lui propose de s'associer afin de rencontrer, ensemble, gloire et fortune : il s'agit de Tonka, une araignée savante... Les deux compères, en route pour Ikshion, la capitale, puis pour l'Outremonde, connaîtront joies et déboires dans l'univers tantôt hostile, tantôt délirant, qui s'offre à eux.




Avis


Une couverture plutôt trompeuse faisait croire à un roman gentillet de fantasy pour les plus jeunes... mais rien de cela dans cet ouvrage foisonnant, audacieux et impertinent qui s'adresse plutôt aux ados (+ 14 ans)

L'auteur réexploite avec intelligence les ressorts de la fantasy traditionnelle pour mieux faire ressortir ses situations inattendues, explosives ou cocasses. On se laisse ainsi emporter sans rechigner dans l'univers original et très bien construit de Sarancol. 

Notons également - une fois n'est pas coutume - qu'il s'agit un roman de fantasy drôle !! Les passages concernant le "walche", une sorte de football élevé au range de religion dont les supporter sont des adeptes pèlerins traversant le monde pour assister aux matches de leurs idoles, sont ainsi particulièrement hilarants. L'impertinence est aussi au rendez-vous : le jeune Samien, dans un passage aussi magistral qu’irréel, découvre ainsi les joies de l'amour auprès d'une sympathique autochtone aux corps couvert de doux picots... si, si !

Le lecteur trouve également, dans ce roman, une large galerie de personnages (principaux ou secondaires) hauts en couleurs, au sein de laquelle l'inénarrable Yonka fait office de figure de proue. Un héros qui cache sous son bonnet (en laine rouge) une grosse araignée velue, à la fois amie et maître à penser... du jamais-vu ! 

En un tome, ce roman, feu d'artifice d'aventures délirantes qui prend la forme d'une quête initiatique au rythme effréné dans un univers foisonnant de dangers et découvertes en tous genres, est à lire et à conseiller sans modération

De la fantasy inédite et rafraîchissante !


Infos


Edition : Thierry Magnier
Parution : 02/02/2011
Prix : 15,80€
Nb pages : 333
ISBN978-2-84420-888-0