lundi 29 août 2011

L'Agence Pinkerton T1 : Le châtiment des hommes-tonnerres / Michel Honaker

Résumé


Salt Lake City, hiver 1969. Neil Galore, joueur de poker et roublard notoire, n'a plus un sou en poche. Il décide de répondre à une annonce proposant un poste de détective au sein de la mythique agence Pinkerton, créée par le non moins célèbre - et mystérieux - Allan Pinkerton dans le but d'éradiquer le crime aux quatre coins des Etats-Unis. 


Neil Galore, flanqué de trois coéquipiers fraîchement pourvus de l'insigne des Pinkerton, se voit chargé d'une enquête sur le transcontinental (train reliant l'ouest et l'est). Un étrange criminel, surnommé "le chapardeur", sévit en effet dans le train au couvert de la nuit.


Tome 1




A NOTER : le deuxième tome, Le rituel de l'ogre rouge, est paru en août 2011 avec une couverture tout aussi superbe que la première... lecture et critique à venir !


Tome 2




Avis


Avec ce roman, Michel Honaker veut nous plonger dans une ambiance "Amérique rétro au XIXème, entre cow-boys et débuts de l'industrialisation".... pari réussi !

Parties de poker, danseuses de saloon, combats à la carabine et magouilles autour du chantier de construction du premier chemin de fer, le décor est parfaitement mis en place. Les tribulations des quatre nouveaux agents Pinkerton, menés par un sympathique héros dandy et roublard, le jeune Neil galore, sont de plus aussi savoureuses que captivantes.


L'enquête va rapidement se détourner de la figure du méchant - le fameux "chapardeur" - pour s'intéresser aux zones d'ombres qui subsistent autour de la construction du chemin de fer... changement de cap qui sera l'occasion pour l'auteur d'intégrer de très beaux moments de surnaturel propres à faire frissonner le lecteur !


Seul bémol (soyons exigeants) : une révélation finale trop convenue, façon "Star wars"... mais on pardonne vite au romancier, excellent par ailleurs !


Palpitantes, prenantes et surprenantes : les aventures de Neil Galore sont si bien ficelées, entre western et fantastique, qu'on en redemande sans problèmes ! Une vraie lecture plaisir, très piquante, à conseiller à tous.


Infos


Tome 1
Editions : Flammarion
Parution : 02 février 2011
Prix : 13€
Nb de pages : 240
ISBN978-2-08-123330-0


Tome 2

Editions : Flammarion
Parution : 24 août 2011
Prix : 13€
Nb de pages : 235
ISBN978-2-08-124330-9

mercredi 24 août 2011

Le peuple des minuscules T1 / Steve Augarde

Résumé

Midge, douze ans, part en vacances chez son oncle pendant la tournée de concerts de sa mère, une célèbre violoniste. La petite fille, habituée à la ville, tombe très vite sous le charme de la ferme familiale, des animaux et des bois environnants. 

Alors qu'elle explore avec délices ce nouveau terrain de jeu, Midge entend soudain une voix appeler près de la grange. Curieuse, elle s'approche... et découvre une étrange créature coincée sous une machine agricole : un cheval blanc miniature, doté de grandes ailes de chauve-souris, qui l'appelle à l'aide. Il est le messager du peuple des Minuscules, habitants du bois appartenant à l'oncle de Midge.

Cette dernière est affolée : ce bois, son oncle prévoit de la vendre très prochainement à un promoteur immobilier... les Minuscules sont en danger !



Avis

En dépit d'une intrigue des plus classiques, Steve Augarde signe là un très beau roman de fantasy jeunesse qui a le mérite (et l'originalité) de ne jamais donner dans la surenchère de merveilleux : tout sonne juste, tout semble vrai... 


Les sentiments des personnages sont décrits avec une précision d'orfèvre, et l'auteur offre à son récit - pourtant "fantaisiste" - un réalisme presque terre à terre. Ainsi Midge, lorsqu'elle découvre Pegs, le cheval ailé, n'est pas du tout émerveillée ; au contraire, dans une réaction très humaine, elle est terrifiée, même révulsée face à l'apparition de cette entité existant hors du temps et du monde normal - on est d'ailleurs ici davantage dans les ressorts du fantastique, l'aspect "fantasy" étant plus vif dès lors que l'univers des minuscules est révélé. Midge s'habituera lentement à l'apparence de son nouveau compagnon ; quant au nouveau peuple, point de contes de fée ou de manichéisme : comme chez les humains, les Minuscules ont leurs belliqueux qui refusent de traiter avec l'autre espèce !

Ce souci de réalisme - couplé à une écriture dense et très maîtrisée - amène à une totale adhésion du lecteur : on se sent véritablement vibrer avec Midge quand la vieille grange désertée ou les futaies du bois, jusqu'ici théâtres d'aventures imaginaires, se peuplent véritablement de créatures incroyables.. un texte à aborder avec son âme d'enfant !

Le peuple des minuscules n'est donc pas qu'un énième roman traitant de  tous petits bonshommes mais constitue un véritable roman de découverte, pétri d'humanité et de merveilleux, dont l'histoire est accessible chez les plus jeunes lecteurs, dès 10 ans (attention néanmoins : l'écriture est très dense, voire exigeante). 1er tome d'une trilogie.

A noter : le prix élevé s'explique par le volume de l'ouvrage et sa facture particulièrement soignée ; ce livre est en effet un bel objet, agréable à tenir en main.

Infos

Traduction : Jean Esch
Editions : Albin Michel (collection Wiz)
Parution : 02 février 2011
Prix : 18 €
Nb de pages : 422

mardi 23 août 2011

La guerre des mondes n'aura pas lieu ! / Johan Heliot

Résumé


En 1887 à Londres, le jeune Herbert G. Wells envoie un manuscrit qu'il pense révolutionnaire à tous les éditeurs de la ville ; mais le texte est partout refusé.
Dépité, le jeune homme décide d'embarquer pour l'Amérique, à la recherche d'une cité idéale où sa créativité pourrait s'épanouir librement. C'était sans compter l'arrivée imminente de visiteurs inattendus : des Martiens peu amènes, que H.G Wells devra repousser afin d'empêcher la guerre des mondes !




Avis

Que se serait-il passé si H.G Wells n'avait pas écrit mais vécu et empêché une invasion de la Terre par les Martiens ? Mais... la guerre des mondes n'aurait pas eu lieu, pardi !

Partant de cette hypothèse passablement farfelue, Johan Heliot signe un très, très bon roman, entre parodie délirante et hommage ému à H.G Wells. Vivant et limpide, le texte exprime avec une tendresse manifeste l'admiration éprouvée pour Wells, grand maître de la SF classique, et donne du même coup envie de redécouvrir La Guerre des mondes...


Au delà de la référence, l'auteur n'oublie pas son propre récit et offre également un délicieux moment de lecture : les personnages sont croqués avec humour et justesse, les aventures se déroulent sans temps mort ; le lecteur, captivé, se laisse emporter avec bonheur dans cette uchronie pimpante, entre pied de nez et hommage à la "grande" science-fiction !

Un roman brillant donc, enlevé, bourré d'humour et de tendresse, entre aventure, hommage et parodie : à lire au plus vite ! Johan Heliot est définitivement un auteur jeunesse à suivre...

Infos

Editions : Mango (collection Mondes imaginaires)
Parution : 19 novembre 2010
Prix : 16 €
Nb de pages : 321

lundi 1 août 2011

Zoo City / Lauren Beukes

Résumé

Dans un Johannesburg fantastique (et cauchemardesque), tous les réprouvés, criminels et autres honnis du système reçoivent un animal qui les accompagnera jusqu'à leurs derniers instants. Les heureux maîtres, ou Zoos, doivent en effet prendre soin de leur bête, car si celle-ci venait à mourir, eux-même perdraient la vie... 

Au sein de l'inquiétante Zoo City, ghetto pour mauvais bougres, Zinzi, meurtrière ordinaire, est ainsi affublée d'un Paresseux (flegmatique comme il se doit) ; mais elle a également reçu un autre présent : une shavi, force magique singulière qui dans son cas consiste à pouvoir retrouver, par la force de la pensée, les objets perdus. Zinzi est employée par les habitants du quartier en quête d'effets personnels envolés.

Elle accède en ce sens à la demande de l'étrange Odi Huron, producteur renommé, qui souhaite exploiter les talents de Zinzi afin de retrouver une pop-star disparue....








Avis

Grief principal : le fil du roman est souvent difficile à suivre, l'auteur ne prenant en effet visiblement le confort du lecteur comme ligne de conduite principale. On a en effet le sentiment que les repères visuels et spatiaux s'effondrent à chaque nouveau chapitre (voire entre deux paragraphes !) tant l'auteur brinquebale son lecteur, avec une brusquerie manifeste, d'un évènement à un autre. Chaque lecture n'a certes pas à être un long fleuve tranquille... mais les ruptures de rythmes brutales (et parfois incompréhensibles) m'ont ici souvent gênée.

Mais, coup de maître ensuite : de cette brutalité qui aurait pu être gratuite, naît l'incroyable cheminement de Zinzi, meurtrière si humaine, accrochée à son paresseux et régnant sur le petit monde de fange qu'est Zoo City. Une écriture comme arrachée, qui prend au ventre et déballe, sans y paraître, l'inattendue beauté couvée entre un tas d'ordures et un sex-shop.


Ce livre permet en outre la plongée, souvent brûlante, dans la culture sud-africaine que l'on découvre - sans toutefois tout comprendre, offrant ainsi au texte une saveur légèrement ésotérique.  Les repères habituels ne sont ici plus seulement bouleversés par les éléments imaginaires, mais aussi par les modes de pensées, les codes de valeur d'un pays et d'une population que l'on connaît (a priori) peu. 


Les questionnements, en ce sens, se bousculent rapidement... L'animal, d'abord : est-il véritablement une punition (une pénitence ?) pour les criminels ? On ressent davantage comme une malédiction, la marque d'un esprit frondeur ou d'un destin pervers  qui offre au réprouvé un cadeau à double tranchant. L'animal est en effet, pour le Zoo, une présence éternelle, une prolongation de son être, mais également l'indélébile marque de l'infamie passée. Les zoos sont d'ailleurs reconnus par la simple présence de leur compagnons à poils ou à plumes.... 


Pour finir : Situé entre science-fiction (presque) désespérée et fantasy urbaine pour cité dépravée... Zoo City est un roman parfois inégal, souvent déroutant dans son rythme et dans la tenue de sa ligne narrative, mais qui emporte cependant l'adhésion du lecteur attentif par sa verve brutale, son univers chaotique et ses multiples implications culturelles et sociales. Les personnages, pétris de leurs fêlures et de leurs violences sont, de plus, traités avec une précision et une passion manifestes

Imparfait donc, mais favorablement insolite, rugueux... et puissant.




Infos


Traduction : Laurent Philibert-Caillat
Editions : Eclipse (collection Fantastique)
Prix : 18€
Nb pages : 343
ISBN : 9-782362-700453
Prix littéraire : Arthur C. Clarke Award 2010 (meilleur roman) ; BSFA award 2011 (meilleure couverture)